La légende de Phaïtos, dieu de la mort et gardien de l'au delà, et celle de Thimoros, dieu du chaos et des ombres
Thimoros
Thimoros et Phaïtos naquirent de la même mère, parmi les premiers hommes. La venue au monde des deux dieux fût d'emblée souillée d'une aura malsaine. Outre la mort de la jeune mère, qui était chose triste mais fréquente, les deux enfants agirent de façon peu commune. Phaïtos se débattit furieusement dans les bras de ses sages femmes et ne se calma que lorsqu'on le posa à côté de sa mère, endroit duquel il l'observa pendant une journée. Thimoros quant à lui ne jeta qu'un coup d'oeil à sa mère, et fût pris de fou rire pendant autant de temps.
Les deux enfants furent élevés par leur père qui perdit rapidement tout contrôle sur la situation. Ils étaient très éveillés, toujours en avance sur leur âge. Thimoros avait un goût prononcé pour la destruction, et martyrisait tout ce qu'il trouvait autour de lui. Phaïtos était calme et très observateur. Lorsqu'ils jouaient ensembles, on voyait Thimoros capturer et torturer des insectes, après quoi il les donnait à son frère qui jusque là avait regardé faire. Ce dernier récupérait les cadavres, rassemblait les membres arrachées et reconstituait la bête. Lorsque l'animal était encore en vie, il la disséquait, et l'étudiait minutieusement.
Cela n'aurait pas été inquiétant s'il n'avait pas porté leurs jeux sur de plus gros gabarits...
Vint l'âge de leur adolescence, Thimoros était amateur de conflits. Il avait un don pour semer la discorde entre les gens et s'en servait abondamment. Il se plaisait à observer les disputes, et alimentait les ragots jusqu'à ce que les villageois en viennent aux mains.
Bien que jumeaux, ils ne se ressemblaient plus beaucoup. Thimoros était un jeune homme musclé, actif et impulsif de très forte carrure. Il participait activement aux chasses, pendant lesquels on déplora de plus en plus d'accidents. On retrouvait certains hommes morts et mutilés, ou bien évanouis et choqués sans aucune blessures et les hommes commencèrent à se rejeter les suspicions...
Phaïtos était bien plus discret, de physique et de personnalité.
Grand, fin, il était très réservé et parlait peu. Il dormait souvent pendant la journée et disparaissait la nuit, laquelle il passait au cimetière, à l'abri des yeux tous. La mort le fascinait, il l'observait, déterrant les cadavres et examinait les défunts sur toutes leurs coutures. Il rendait également souvent visite au mourant, blessés et vieillards. Il ne leur parlait pas, mais leur tenait compagnie, attendant l'ultime moment où leur âme sortait de leur corps. Beaucoup le prenait pour un fou, mais il était en réalité très fin d'esprit et commençait déjà à cet age à établir de nombreuses théories. Leur père mourus, ne comprenant pas ce que devenaient leurs fils.
La magie noire apparu réellement sur Yuimen lorsque Phaïtos compris qu'on pouvait se servir des âmes défuntes pour donner lieu à des phénomènes magiques. Seulement, seules les âmes en colères répondaient à l'appel. Par soif de savoir, Phaïtos exposa les faits à son frères, et ils s'allièrent pour aider la magie noire dans sa profusion. Thimoros remplissait les coeurs de ses pairs humains de haine, de telle sorte qu'à leur mort leurs âmes ne puissent aspirer au repos.
Alléchées par l'idée de ne retrouver ne serait ce qu'un semblant de vie, elle revenaient volontiers intégrer un cadavre pour exécuter les ordres de nos apprentis sorcier. Thimoros compris vite que la magie noire pouvait être utilisée dans un but bien plus ambitieux à son goût: la destruction.
Pendant que son frère inventait l'art de la nécromancie, il mit au point des sortilèges dans lesquels les âmes tourmentées pouvaient déchaîner leur fureur à loisir.
Leur village natal fût bientôt le théâtre de manifestations d'une puissance inouïe et se transforma peu à peu en un véritable laboratoire.
Thimoros, assoiffé de pouvoir y sema le chaos. Son éloquence était telle qu'il parvins à semer la discorde entre chaque famille et il porta ses ambitions jusqu'à un hameau voisin. De fil en aiguille, les deux villages se déclarèrent la guerre. Il n'y eut qu'une seule bataille, et elle fût extrême dans sa violence telles étaient les tensions entre chaque village, entre chaque personne.
Il n'y eut pas de vainqueur, simplement une boucherie pendant laquelle tous les comptes furent réglés. Thimoros se joignit gaiement à l'affrontement, et assouvit pour longtemps sa soif de destruction. Aucune lame ne le toucha, les gens périrent sous son épée ou enveloppés de torrents de brume noire. Il exécuta tout ceux qu'il trouva, ne laissant aucun survivant, brûlant maisons et champs. Thimoros passa ensuite des heures à rire au milieu des cadavres et contempla les ruines du village.
Phaïtos assista à la scène et ne fit rien pour stopper son frère. Il le savait beaucoup plus fort que lui. Il se résigna donc à sauver la moindre vie et profita de l'après bataille pour élargir son savoir. Il passa silencieux parmi les cadavres et les inspecta.
Le massacre avait donné lieu à un concentré de magie noire qu'ils eurent tôt fait d'absorber. Leur nature déifique se révéla au grand jour. Leurs puissance était très grande à présent. Thimoros par son pouvoir de destruction, Phaïtos par sa maîtrise de la mort. Deux dieux étaient nés et ne partageant pas les mêmes ambitions, ils décidèrent de se séparer, l'un pour gagner en puissance et pour faire le mal. L'autre, sans ambition, voulu élargir son savoir, les deux participant à la prolifération de la magie noire.
Chacun fit donc route seul, sur les terres et les mers de Yuimen.
Phaïtos sillonna les quatre continents, et rencontra de nouvelles peuplades avec lesquelles il noua des liens d'abord amicaux. Il ne montrait pas ses pouvoirs, et se contentait d'étudier discrètement les phénomènes mortuaires chez les elfes, nains, et autres humanoïdes et arriva quoi que fût la race de ses sujets, aux même conclusions.
Chez ses sujets dotés de conscience, chaque mort s'ensuivait de la libération d'une âme sur Yuimen. Celle ci, si elle était en paix, se contentait d'errer passivement, sans prendre part aux phénomènes qui l'entourent, ni même aux appels de magie noire. A l'extrême opposé, les âmes les plus folles de rages pouvaient engendrer des manifestations lourdes en conséquences, s'attaquant parfois même aux âmes en paix, qui par contagion devenaient à leur tour violente.
Cependant, au terme d'un certain nombre d'actes de déchaînement, une âme en venait à se calmer, et se comportait à son tour de manière passive.
Cet état de l'âme, correspondait à un état d'équilibre, auquel il fallait que chaque âme parvienne. Pour cela Phaïtos mis au point une théorie, et commença lentement à mettre en place la création des enfers.
Le principe était simple, à la mort d'un être, son âme était conduit devant Phaïtos. Celui ci jugeait de son état de quiétude et s'il était suffisant, l'âme était envoyé dans l'au delà. Isolée dans les enfers, elle serait à l'abri des attaques d'une âme tourmentée et pourrait ainsi rester éternellement dans cet état d'équilibre.
En revanche, les âmes jugée tourmentées seraient renvoyées sur Yuimen. Dans leurs errance, leur unique but serait de calmer leur colère, notamment par l'intermédiaire de la magie noire. Déchaînant leur jalousie, leur colère, elle n'auraient accès aux enfers qu'une fois calmées. Son travail serait long, et le mal qu'il engendrerait, nécessaire.
Ainsi Phaïtos quitta Yuimen, et bâtit l'au delà. Il savait que Thimoros, son frère maintenant devenu indomptable, participait dans ses actes à la proliférations des âmes en peine. Un cycle était né, et il était trop tard pour l'arrêter.
La seule chose à faire à présent était de le maintenir.